Lorsque les feux de l’été déclinent et que les frimas arrivent, c’est l’excitation dans le service de communication des entreprises où un seul sujet mobilise les nerfs de l’équipe entière: il faut lancer le chantier de la carte de vœux! Chantier est le mot car rien n’est simple : souhaiter bonne année ou joyeuses fêtes? Inclure ou exclure Noël? Privilégier une langue plutôt qu’une autre? Et surtout: électronique ou imprimée? (On pourrait du reste ajouter: et pourquoi même faire une carte de vœux? Mais ce n’est pas le sujet)
Pour l’impression de ladite carte, deux écoles s’affrontent farouchement: d’un côté, les tenants de la tradition estiment que la carte de vœux imprimée possède une élégance et une distinction que sa pauvre cousine électronique est loin de connaître. De l’autre côté, les défenseurs de la modernité – et de l’écologie – considèrent que la carte de vœux n’est pas un enjeu suffisant pour couper des arbres et nécessiter autant d’interrogations et d’investissements.
Bas coûts et oubliettes
Il est vrai que financièrement, une carte de vœux numérique, même animée et sonorisée, coûtera moins cher qu’imprimée. À moins de faire appel aux studios Dreamworks pour que Steven Spielberg en personne se penche sur sa réalisation, le budget en restera modeste. Autre avantage, il n’y aura ni frais d’impression ni frais d’envoi. Que ce soit au coin de la rue ou à l’autre bout du monde, la carte arrivera sans mal dans la boîte mail de chacun… Reste à savoir dans quel état! Car les multiples pare-feux qui montent la garde auront tôt fait de l’envoyer dans les oubliettes de nos spams! Ou d’en bloquer les images et les animations… Bref, selon les systèmes de chacun, personne ne pourra dire si la carte sensée transmettre bons vœux, bonheur et succès arrivera intègre à ses destinataires. Et à tout prendre, mieux vaut pas de vœux que des vœux ratés ou tardivement repêchés dans les spams lors d’un grand nettoyage de printemps.
Valeurs et sensations
En revanche, il est vrai que la carte imprimée est sûre d’arriver entière et qu’elle permet, paradoxalement, de jouer sur d’infinies nuances que la version électronique ne permet pas: le type de papier, la texture, les nuances de couleur, le gaufrage, les matières… Car finalement, que veut-on lorsqu’on envoie une carte de vœux? Véhiculer une image, des valeurs. Toutes choses que la nature physique d’une carte peut transmettre en plus du simple message. Dans ce cas-là, le média, c’est (aussi et surtout) le message: découpes, volets, vernis, surimpression seront des éléments essentiels pour traduire l’image d’une entreprise. Et curieusement, son côté traditionnel lui confère une audace plus moderne qu’un envoi via un banal mail… Plus encore, si la carte est vraiment réussie, elle pourra se transformer en petit élément de déco et rester sur le bureau de son destinataire.
Curieusement, son côté traditionnel lui confère une audace plus moderne qu’un envoi via un banal mail.
Bref, pour forcer un peu le trait, une carte électronique, c’est une formalité ennuyeuse dont on essaye de se débarrasser, une carte Imprimée, c’est une attention délicate pour faire plaisir. Autant dire qu’on ne parle pas ni de la même chose ni de la même démarche!
En fait, tout est une question de cohérence – et de bon sens: si l’on veut qu’une carte de vœux ait quelque résonance, mieux vaut se lancer dans le chantier de la carte imprimée. Si l’on veut répondre simplement à une tradition, privilégions alors le numérique. Quant à moi, vous aurez compris sans mal de quel côté mon cœur balance…
Par Patrick Lesage, CEO & Founder Takaneo.
«Pour ou Contre», une rubrique proposée par l’agence Takaneo. Retrouvez tous les articles ici.