Alors que le contrat de bail de Luxexpo The Box arrive à échéance en 2028, la question se pose de l’avenir de l’activité des expositions, des congrès et des conférences au Luxembourg, des infrastructures pouvant les accueillir et de l’avenir du périmètre occupé actuellement par Luxexpo The Box au Kirchberg. Quand, où, et comment pourrait être reconstruit le futur centre d’expositions de Luxembourg et dans quel contexte urbanistique idéal pourrait-il prendre place? Morgan Gromy – l’actuel CEO – et son équipe ont choisi d’ouvrir le débat et s’apprêtent à publier un livre blanc pour exposer leur vision.
Morgan Gromy, pourquoi lancer le débat aujourd’hui, 7 ans avant la date d’échéance du bail de Luxexpo The Box?
Il est de notre responsabilité d’anticiper, et de nous poser les bonnes questions aujourd’hui, pour demain. S’il faut reconstruire, autre chose, au même endroit ou sur un autre site, c’est maintenant qu’il faut se pencher sur le sujet. Au vu de notre position, nous pensons être légitimes pour initier ce débat et apporter nos idées.
Ceux qui frapperont à nos portes à ce moment-là n’ont pas encore 15 ans aujourd’hui. Nous devons essayer d’imaginer comment pensera cette génération et quelles seront ses profondes aspirations.
Vous savez, les organisateurs de salons ou de conférences planifient leurs événements et réservent leurs espaces très souvent entre cinq à dix ans en amont. Si l’on ajoute à cela une période de construction de six à sept ans impliquant une ouverture du nouveau bâtiment en 2028, il en découle que de nombreuses commandes des organisateurs concerneront l’horizon 2038. Cela signifie que ceux qui frapperont à nos portes à ce moment-là n’ont pas encore 15 ans aujourd’hui. Nous devons essayer d’imaginer comment pensera cette génération et quelles seront ses profondes aspirations. Ces derniers mois, nous avons eu du temps pour y réfléchir. Dans notre livre blanc, nous lançons des idées, et nous aimerions les partager avec toutes les parties prenantes. Dans tous les cas, gardons en tête que le futur centre d’expositions qui succédera à Luxexpo The Box aura une durée de vie de 30 à 40 années. Mieux vaut qu’il ait fait l’objet d’une profonde réflexion.
En quoi consiste votre approche?
Notre approche consiste à imaginer l’infrastructure idéale: une infrastructure qui se doit d’être unique, intemporelle, qui nous démarquera durablement des sites concurrents voire établira des standards novateurs et inspirants dans le monde entier. C’est l’objectif de notre livre blanc, présenter et étayer nos propositions.
Un centre d’expositions qui fasse rêver le monde entier, c’est votre proposition?
Nous aimerions faire de la nouvelle infrastructure de Luxexpo The Box un projet fédérateur et surtout un instrument de rayonnement pour le Grand-Duché de Luxembourg. Alors oui, osons impressionner le monde entier!
Nous aimerions que le nouveau bâtiment soit une source de fierté pour le pays (…) et qu’il devienne en même temps une attraction touristique.
Nous aimerions que le nouveau bâtiment soit une source de fierté pour le pays, une incarnation de son identité, une démonstration grandeur nature de son savoir-faire et qu’il devienne en même temps une attraction touristique. Sans vouloir nous substituer aux architectes et urbanistes, nous imaginons un bâtiment totémique, construit et équipé par les fleurons industriels et technologiques du Luxembourg pour qu’il s’impose finalement comme un musée vivant des savoir-faire nationaux. Le Château de Versailles de l’événementiel!
La pandémie que l’on vit ne met-elle pas à mal de telles ambitions? Les grands événements comme les foires, les salons ou les grands congrès continueront-ils à trouver leur public?
La crise sanitaire du COVID-19 aura un impact durable sur les grands paradigmes de notre métier. Tout comme les questions environnementales d’ailleurs. Il faut donc penser les grands événements autrement. En réponse aux impératifs climatiques et sanitaires, des organisateurs ont par exemple réfléchi à des événements multisites avec hubs régionaux accueillant chacun les participants de leur périmètre et interagissant les uns avec les autres grâce à des solutions technologiques. Ce modèle d’événements déportés qui se tiennent simultanément en différents endroits va très certainement s’installer et devenir une référence. Cela implique donc de chercher et de créer des alliances, mais surtout de disposer d’une infrastructure parfaitement appropriée pour piloter des événements ayant lieu simultanément en différents endroits du globe. En parallèle, il y a aussi le sujet de l’hybridation de nos activités, avec des événements phygitaux dont une partie du public est spectatrice quand l’autre est téléspectatrice. Dans tous les cas, les capacités informatiques et technologiques de notre futur centre devront être à la hauteur de ces nouveaux modèles d’événements.
Une idée de l’emplacement idéal du futur Luxexpo The Box?
L’emplacement actuel dispose d’atouts indéniables vis-à-vis des organisateurs, des exposants et du public, mais le contexte d’aménagement global du quartier ainsi que les infrastructures ne répondent pas du tout aux exigences futures de notre activité. Actuellement, l’offre de services dans la couronne du 1/4 d’heure à pied est extrêmement limitée, n’est absolument pas connectée à notre site et tourne littéralement le dos au centre d’exposition. Or, le futur projet devra encourager les visiteurs à explorer et à rencontrer la communauté locale, il devra promouvoir la destination dans sa globalité, le pays, le quartier, le centre de conférences et d’expositions. Le public – et c’est d’autant plus vrai s’il vient de loin – ne veut plus limiter sa participation à un événement, un salon ou une conférence: il veut être intégré dans un ensemble connecté physiquement et visuellement avec l’environnement périphérique, il veut vivre une expérience authentique et globale. Un bâtiment en symbiose avec son environnement et qui rende réellement service à son quartier, voilà ce que nous imaginons. Mais en aucun cas, nous n’avons la prétention de vouloir nous substituer aux urbanistes et architectes. Dans notre livre blanc, notre proposition se limite à inventorier et argumenter les options qui nous semblent les plus pertinentes et adaptées au regard de notre activité. C’est notre façon d’apporter une pierre à l’édifice.