Aujourd’hui consultant indépendant (droitaubut consulting), Lou Scheider a dirigé IP Luxembourg durant plus de 21 ans, entre 1997 et 2018. Il prend aujourd’hui position au sujet du « cafouillage » autour de l’étude Plurimédia 2023 et signe cette carte blanche:
« La mesure de la consommation des médias est à l’arrêt! C’est donc un fait, le Luxembourg n’aura pas de données actualisées sur la consommation des médias en 2023 puisque les commanditaires de l’Etude PLURIMEDIA 2023 à savoir Mediahuis Luxembourg, IPL/RTL, Editpress et le Service des Médias du Gouvernement en ont décidé ainsi.
Cette étude est effectuée depuis des années par l’institut ILRES en collaboration avec Kantar, un
acteur actif au niveau mondial dans le domaine du data et d’études basées sur la preuve par
mesures. Répartie sur les volets Presse, Audiovisuel et Internet elle était publiée jusqu’ici 2 fois par
an, au printemps et en automne: Ce sera donc un outil unique et indispensable qui va manquer à
tous les acteurs professionnels du secteur médias et communication mais aussi au Gouvernement
qui a grand intérêt à connaitre l’évolution dans le comportement de consommation des médias de
notre population.
Il semblerait que la méthodologie ne soit plus au goût de tous et qu’on préfère ne plus avoir de chiffres du tout plutôt que des chiffres qui dérangent…
Que des adaptations doivent être effectuées pour que les résultats restent cohérents, transparents et fiables est une évidence, mais pourquoi ne pas l’avoir fait de façon continue en fonction des changements des comportements et de l’évolution de la population durant les dernières années.
Que faire alors pour sortir de cette situation très ennuyeuse?
Certains disent que ce serait au Gouvernement de prendre le dossier en mains (tiens donc, c’est très à la mode par les temps qui courent…) mais j’estime que ce n’est pas au Gouvernement de prendre le lead d’un tel dossier ni aux contribuables de le financer.
Parfois il suffit d’aller voir ce qui se passe au-delà de nos frontières. Dans tous les pays voisins et au-delà ce sont les acteurs du secteur qui gérer les mesures d’audiences avec des instituts professionnels spécialisés et ça donne partout de bons résultats acceptés par tous. Les objectifs sont définis d’un commun accord, la méthodologie choisie en fonction, les résultats sont transparents et les coûts partagés.
Au Luxembourg la solution pourrait donc ressembler à ceci:
Tous les médias principaux (dont certains se plaisent aujourd’hui à donner des avis mais n’ont à ce
jour jamais pris leurs responsabilités), les Agences Conseils en Communication qui font du
médiaplanning (dont certaines prétendent faire le job sans avoir des planneurs compétents dans
leurs équipes) et les annonceurs (il me semble que le Luxembourg est seul pays en Europe de l’Ouest
à ne pas disposer d’Association d’Annonceurs) et mettons les autour de la table. Les décideurs
courageux et dynamiques ainsi réunis définissent ensemble les objectifs des mesures et finalisent
une méthodologie adaptée avec un acteur professionnel en la matière.
Les fédérations Espace Pub et MarkCom devraient prendre le lead.
Les médias disposent d’une fédération de régies – Espace Pub – et les Agences Conseils en Communication d’une MarkCom qui regroupe les principaux acteurs du marché. Ces deux structures bien en place devraient prendre le lead du projet en s’associant avec le Service des médias (comme c’est le cas actuellement) et une structure représentative des principaux annonceurs. Une telle organisation garantirait un projet répondant aux critères professionnels essentiels et ce de manière transparente et évolutive.
Il ne faut que la situation actuelle continue à durer au risque de décrédibiliser tout un secteur important tant pour la formation d’opinion que pour notre économie! »