Publié le 12/02/2018
J’ai démarré ma carrière au Luxembourg en 2008. L’année de lancement de Luxuriant.
La première interview du fondateur d’adada (moi), c’était dans Luxuriant. Dans la rubrique In Web We Trust de Régis Kuckaertz.
Ma première soirée au Luxembourg, une Luxuriant Party.
Il fallait amener un jouet pour pouvoir entrer. J’avais amené une Barbie nue. À l’intérieur, il y en avait déjà d’autres, un peu plus habillées et aux jambes mieux proportionnées. C’était la fête. Celle d’un média à part dans le paysage luxembourgeois, organisée par un rédacteur-en-chef à part dans le paysage luxembourgeois.
C’était la fête. Mais c’était il y a 10 ans.
En mai, le magazine Luxuriant allait fêter son dixième anniversaire. On ne le fêtera pas. La faillite du mensuel lifestyle fondé avec Arnaud Decker et Pascal Monfort, et qui a grandi depuis sous la houlette du duo Sébastien Vécrin / Jean-François Pirrone, a été prononcée mardi dernier.
«Je sais qu’il y a un ou deux magazines qui vont disparaître d’ici un an, j’espère que ce ne sera pas le nôtre.»
Voilà ce que disait Sébastien Vécrin dans une conversation avec Josée Hansen pour un article du Land… C’était en 2011.
Il aura tenu. Il aura passé la crise qui l’avait vu naître. Mais aujourd’hui, Vécrin et Pirrone sont forcés de se résigner. Pour eux, les annonceurs ont pris le tournant du digital un peu trop brutalement. Malgré les audiences en progression et un réseau de distribution de plus en plus développé (augmentation des présentoirs), beaucoup ont déserté les pages du magazine.
J’ai croisé Sébastien jeudi dernier au concert d’Orelsan. Il le savait mais n’a rien dit. Ce n’était pas l’endroit. Et il profitait encore des privilèges de sa fonction, avec accès aux loges et petits fours.
La fête est finie.
Selon Sébastien, que l’on a eu au téléphone ce soir, pas de repreneurs en vue. Il était en pourparler avec la régie publicitaire de Maison Moderne pour prendre en charge la commercialisation du titre, mais cela n’a pas abouti. Sans doute une plus grosse force commerciale aurait pu faire vivre le titre une paire d’années supplémentaires.
L’édition de décembre était la dernière. C’était le numéro 69. Le lecteur fidèle que j’étais en est tout retourné.
La fête est finie.
Le concert d’Orelsan était quand même bien.
Quand y’a plus d’alcool sur le sol que dans les verres
C’est qu’il est l’heure de rentrer
Quand y’a plus d’musique et t’es tout seul sur la piste
Il faut qu’t’arrêtes de danser
Laaaaa
La fête est finie
Laaaaa
La fête est finie…