Publié le 15/12/2019
Passerell asbl diffuse via les réseaux sociaux depuis cette semaine un spot de sensibilisation, de notoriété et d’appel aux dons rassemblant des résidents luxembourgeois qui, face à la caméra, posent, l’un après l’autre, des questions que se posent les demandeurs d’asile.
Le film s’articule autour de l’idée préconçue, largement répandue auprès du grand public, selon laquelle les demandeurs d’asile, peu visibles au Grand-Duché, ne sont pas confrontés à de réelles difficultés au Luxembourg. Que les drames humains liés à l’exil se jouent ailleurs, au loin. S’il est vrai qu’au Luxembourg, les demandeurs d’asile sont logés, nourris, soignés et bénéficient de l’assistance judiciaire, cela n’empêche pas qu’un grand nombre de demandeurs et bénéficiaires de protection internationale soient confrontés à des problématiques spécifiques: incompréhension de la procédure et de leurs droits, mise à la rue à l’issue d’un transfert vers l’Italie ou la France, Ces obstacles opposés à des personnes déjà vulnérables sont souvent insurmontables sans accompagnement.
«Pour garantir sa pérennisation et assurer son indépendance, il est aujourd’hui impératif pour Passerell d’augmenter son financement privé (dons de particuliers et d’entreprises). C’est l’élément déclencheur de la campagne de sensibilisation.»
Catherine Warin, présidente de Passerell asbl.
Conçu et réalisé par la conceptrice et réalisatrice Frédérique Buck, produit par SKIN (avec Gintare Parulyte pour la direction des acteurs), le film de sensibilisation rassemble six Luxembourgeois: Christophe Meerpohl, Charlie Baus, Michel Reckinger, Tom Kayser, Nora Fellens, et Jérémy Florian. Chacun aborde une thématique différente bien connue par Passerell: l’application du règlement Dublin III, le poids qui pèse sur les enfants démunis par rapport à l’impuissance et parfois au désespoir de leurs parents, la difficulté des victimes d’abus sexuels et de traite humaine à se reconstruire dans le pays d’accueil, la difficulté de faire croire à son récit, la procédure de regroupement familial, la criminalisation des exilés en Union européenne ou encore les vies en suspens des exilés.
Le concept
«Plutôt que de demander à des personnes déplacées de témoigner (avec le risque de les exposer et de les catégoriser), nous avons choisi de récolter des témoignages et des questions telles qu’ils parviennent quotidiennement à Passerell et de les faire dire par des résidents luxembourgeois, en luxembourgeois, d’une part, afin d’ancrer les problématiques dans la réalité luxembourgeoise, d’autre part pour intriguer – le décalage entre la gravité des témoignages et les témoins-résidents luxembourgeois est censé interpeler le grand public – et finalement pour des questions d’identification.
La voix-off du packshot éclaire et pose les enjeux auxquels sont confrontés les demandeurs et bénéficiaires de protection internationale au Luxembourg. Et en même temps, sensibilise sur le travail de l’association Passerell et appelle aux dons. Le brief de Passerell consistait en une directive très claire: réaliser, avec un budget serré, un film censé générer des dons. Or, la collecte de dons dans le secteur des ONG est un marché très concurrentiel, presque entièrement dominé par les grandes ONG.
«Le défi était de trouver un concept capable de bousculer les codes narratifs habituels pour un impact maximal.»
« Passerell est une association peu connue du grand public, à 100% dévouée à ses projets de socialisation et d’information et de recherche juridique. Le défi était de trouver un concept capable de bousculer les codes narratifs habituels pour un impact maximal. Destiné aux réseaux sociaux, le film informe, sensibilise aux problématiques des exilés au Luxembourg et contribue à une meilleure compréhension du travail de Passerell. Le call to action est un appel aux dons. » explique Frédérique Buck.
Début mars 2020, sortira le deuxième volet de la campagne de sensibilisation de l’asbl Passerell : un recueil de 9 récits d’exilés anonymes intitulé «Réhumanisezmoi – 9 vies en suspens» édité par Maison Moderne. Les textes rédigés par Cassie Adélaïde, Ambre Schulz et Catherine Warin de Passerell avec la collaboration de Guillaume Chassaing préfacés par le sociologue Smaïn Laacher, seront réunis en un ouvrage dirigé par Frédérique Buck, mis en page par la graphic designer Miriam Rosner (MONOGRAM) avec des illustrations de Mauro Doro.