Dans un communiqué publié le 18 septembre, l’ALJP (Association Luxembourgeoise des Journalistes Professionnels) réagit à l’annonce du plan social chez Groupe Saint-Paul menaçant 80 employés et dont les négociations débutent ce lundi. L’association alerte quant au fait que le groupe a perçu des aides étatiques durant la crise qui auraient dû l’engager à ne pas licencier. Plus généralement, l’ALJP s’inquiète de la tournure de la situation dans les autres groupes de presse du pays (chez Editpress notamment) et lance un appel aux journalistes et au gouvernement pour contrer l’érosion de la pluralité médiatique et la mort des médias traditionnels.
Le communiqué de l’ALJP dans son intégralité:
L’Association Luxembourgeosie des Journalistes Professionnels (ALJP) avait prédit que la crise pandémique irait aggraver la crise médiatique et elle a eu raison. Maintenant cette double crise percute le pays avec un nouveau coup de semonce: pas moins de 80 postes vont être supprimés chez Saint-Paul, la plus grande maison d’édition du pays. Et cela dans tous les secteurs d’activité, comme la direction vient de le communiquer à ses employé-e-s. À partir de lundi, les négociations autour d’un plan social devront commencer. L’ALJP enjoint les propriétaires de Mediahuis à revenir sur les réductions de salaires et de mener un dialogue social correct et transparent. Et surtout de respecter à la lettre les termes de la convention collective.
Les turbulences sont apparues lorsque la direction a refusée de payer les primes accordées d’avance, alors que la délégation du personnel était fermement en sa faveur. Il apparait que la concession gouvernementale de ne verser les aides spécifiques au Covid-19 tant qu’aucun-e journaliste ne serait mise au chômage partiel ou licencié-e n’ait pas empêché la direction à procéder à des liquidations d’emplois. Or, les suppressions d’emplois sont motivées par l’effondrement des annonces en conséquence de la pandémie. Curieux tout de même parce que lors de la vente à Mediahuis, la direction avait promise de ne pas procéder à des liquidations d’emplois.
La crise du Covid-19 creuse les faiblesses des médias imprimés et des prochaines vagues de licenciements sont à craindre.
Ce qui arrive chez Saint-Paul n’est pas l’unique mauvaise nouvelle qui frappe le journalisme luxembourgeois – au contraire la mort lente des journaux continue. Le «Journal» ne paraîtra plus sous forme imprimée à partir de janvier 2021, et sera réduit à une édition en ligne. Au courant de cette mise en ligne plus de la moitié du personnel vient apparemment de recevoir un courrier de licenciement. Et si cela ne suffisait pas: à la maison d’édition eschoise Editpress, chancelante depuis un certain temps, le personnel n’est pas à l’abri de craintes d’être les prochaines victimes d’économies à venir. La crise du Covid-19 creuse les faiblesses des médias imprimés et des prochaines vagues de licenciements sont à craindre.
Dans ce contexte, la réforme planifiée sur l’aide à la presse n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Surtout que dans le projet qui vient d’être soumis au Parlement, la subvention calculée par journaliste employé-e vient d’être réduite de 55.000€ à 30.000€. En même temps les dépenses intégrales de l’aide à la presse, médias imprimés et online compris, ont été plafonnées à 12 millions d’euros. Un montant tout à fait ridicule pour un État qui vient de relever le complément de cantine pour ses fonctionnaires à 18 millions d’euros par an. Est-ce ainsi que le gouvernement bleu-rouge-vert valorise la pluralité des médias? Est-ce bien cela la qualité des médias avec laquelle le ministre d’État et des Médias justifie sa réforme ?
L’ALJP se bat pour un journalisme de haute qualité et honorable. Collègues! Contactez-nous! Ensemble nous devons contrer l’érosion de la pluralité médiatique et la mort des médias traditionnels!